L'historique des bâtiments de l'implantation « L'Étincelle » - Les pères Passionistes

Les Pères Passionistes – JESU XPI PASSIO

Photo aérienne du couvent des Pères Passionistes

Vue aérienne du couvent des Pères Passionistes

Le château d’Ère était à l’origine la propriété de Madame la Baronne de Cröeser qui habitait Valencienne. Il est devenu le couvent des Pères passionistes par l’entremise de Monsieur Dubois de Wez chargé de trouver un lieu pour que s’installent les Pères Barberi, Giamaria, Magegnotto et le Frère Albergo venus d’Italie pour fonder une maison de leur ordre.

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Absit gloriari nisi in cruce

La Baronne a bien acheté son ciel par la donation de son château d’Ère aux pères passionistes car il fût convenu que ceux-ci diraient chaque semaine une messe pour le repos de son âme et celui de sa famille.

Ils s’y installèrent le 22 Juin 1840, mais l’aménagement intérieur de cette « maison de campagne » ne correspond pas vraiment à la vie conventuelle des passionistes. De plus ils doivent pour célébrer la messe se rendre à l’église du village, ce qui n’est pas toujours aisé.

Dès lors, une chapelle provisoire est aménagée à l’intérieur du château.

Insigne des Frères Passionistes - JESU XPI PASSIO

La surprise des villageois

Le 22 juin 1840, les habitants d’Ère furent surpris de voir arriver dans leur village quatre religieux vêtus d’une soutane en grosse laine noire et pieds nus dans des sandales. À l’endroit du cœur était cousu un insigne en forme de cœur monté sur une croix avec des mots bizarres : « JESU XPI PASSIO », surmonté d’une croix, un long chapelet est suspendu à la ceinture de cuir. Ils portent un large chapeau et un manteau de laine noire sur lequel il y a également l’insigne en forme de cœur.

Photo de la facade du couvent des Père Passionistes

Couvent des Pères Passionistes – Facade

« pieds décaux » ou « pieds-nus »

La vie des Passionistes était rude : ils se levaient la nuit pour prier, se flagellaient et faisaient jeûne et abstinence trois fois par semaine ainsi que les quarante jours de carême et les dimanches compris.
Mais au village, ce qui impressionnait les habitants c’était leurs pieds nus dans des sandales, ils les appelaient « les Pères à pieds décaux » (déchaussés). Aujourd’hui on parle encore des « pieds-nus » sans plus trop en connaître l’origine…

Vue intérieure du couvent des Pères Passionistes - Cloître

Vue intérieure – cloître

En octobre 1842, les Passionistes obtiennent la permission de bâtir une église qui sera également publique, c’est-à-dire pouvant être fréquentée par les habitants du village.
La première pierre de l’édifice est posée en avril 1843. M. Bruyenne en est l’architecte. A la demande des religieux, l’église est construite en style classique italien, très simple, très sobre extérieurement, mais pouvant être riche en peintures et marbres à l’intérieur.

Le 18 novembre 1845 a lieu la bénédiction de l’église et des deux cloches. Un petit cimetière, réservé aux Pères décédés, est établi à proximité. L’église est reliée au château par une aile de bâtiment construite en 1847. Elle abritera les cellules et locaux de la communauté. Les grandes salles de l’ancien château sont dès lors réservées à la bibliothèque et comme quartier pour les étrangers de passage.

Le couvent prospérera jusque la Seconde Guerre Mondiale. Avant ce conflit, le noviciat d’Ère accueillait entre trente et quarante étudiants. La vie des Passionistes est à la fois contemplative et orientée vers l’action missionnaire, sous forme de prédications. Au cours de la guerre, l’intérieur de l’église est entièrement décoré (peintures, fresques, …) par un artiste gantois, Marc Hooghe.

« Absit gloriari nisi in cruce » – Que par la croix seule, soit la gloire…
Photo de l'intérieure de l'église de la Très Sainte Croix

Fresques italiennes

Saint-Paul de la Croix (1694-1775), fondateur de l’ordre et dont l’église possède un tableau, était honoré au Couvent d’Ère.
Les mamans venaient, parfois de loin, en pèlerinage avec leurs enfants ayant la coqueluche et s’en retournaient avec de l’eau bénite pour combattre la maladie.
Couché sous le maître-autel, on remarque également une statue de Saint-Pie, enfant martyr. Les reliques du petit saint sont à l’intérieur. Elles proviennent des catacombes de Rome et ont été confiées aux Passionistes par le Pape Pie IX (voir l’article et la vidéo en bas de page).

Quelques rares photos d’époque – Cartes postales

Carte postale du couvent des Pères Passionistes

Couvent des Pères Passionistes – Égl. de la Très St Croix

Photo du couvent des Pères Passionistes - Vue arrière

Couvent des Pères Passionistes – Vue arrière

Photo de la cour intérieure du couvent des Pères Passionistes

Couvent des Pères Passionistes – Cour intérieure

Le Frère Isidore De Loor, béatifié par le Pape Jean-Paul II en 1984, est entré chez les Passionistes à Ère en 1907. Il y restera un peu plus de trois ans. Le Frère Isidore est toujours vénéré dans la chapelle du Couvent d’Ère, ainsi qu’à Courtrai où se trouve son tombeau.
Après 1945, la raréfaction des vocations religieuses s’accentue. Le nombre de Pères présents au Couvent d’Ère diminue peu à peu. Fin 1977, ils ne sont plus que sept. Le dernier Passioniste, le Frère Gabriel, quittera Ère le 3 décembre 1993.

Source (livre) : Léandre DUMONT (Père Réginald, Passioniste – Père d’Ère) « Les Pères d’Ère 1840 – 1986 »

Saint Pie, l’enfant Martyr d’Ère (Belgique)

Si vous poussez la porte de la chapelle des Passionistes, à Ère, vous découvrirez non seulement d’extraordinaires décors à l’italienne mais aussi un curieux personnage de cire qui semble dormir sous le maître-autel. Son nom s’inscrit en lettres d’or sur fond rouge : St Pie, enfant martyr.
L’histoire nous apprend que cet enfant a été persécuté, avec ses parents, durant les trois premiers siècles du christianisme. Ses restes, préservés dans les catacombes de Rome, sont enfermés dans un petit corps de cire criant de vérité. Symbole de toutes les infamies dont peuvent être victimes nos enfants.

Les reliques sont confiées aux pères Passionistes en 1841. C’est le pape Pie IX qui leur confie l’enfant martyr. Lequel est, à l’époque, transféré en train depuis les catacombes de Rome jusqu’à la gare de Tournai. Porté en triomphe, le corps de cire est amené en cortège à Ère par des chrétiens, des représentants du clergé et les pères. Le petit martyr est couché sous le maître hôtel où il repose toujours aujourd’hui.

Il se passe rarement une journée sans que l’un ou l’autre fidèle vienne lui rendre hommage. Si l’on en croit le texte repris au dos d’une photo souvenir jadis disponible sur le site:
« selon maints témoignages, bien des grâces et des guérisons ont toujours récompensé la prière confiante des chrétiens de partout ».

Que l’on soit ou non croyant, une confrontation avec cet enfant de cire ne peut laisser indifférent…

Un reportage Actu24.be – Vincent DUBOIS